CANAGHJA et sa FONTAINE

André Raffaelli

CANAGHJA ouvre la porte de la Région CASTAGNICCIA.
Situé à 450 mètres, face à la mer et aux iles italiennes, le village n'est pas le plus beau de Corse, loin s'en faut, mais il y fait bon vivre.
Ensoleillé, baigné par l'air marin, le climat y est relativement clément même si certains hivers y sont rudes et certains étés très chauds.
Quelques minutes de route le relient à la Nationale qui vous emmène à Bastia en 3/4 d'heure.
Commerçants nomades : boulanger, boucher, poissonnier, marchands de légumes et de fromage viennent chaque semaine, hiver comme été, proposer leurs produits à domicile.
Pour ce qui est des occupants, ils sont une vingtaine de sédentaires d'Octobre à Mai puis, petit à petit arrivent les "continentaux", leur famille et leurs amis, voire quelques occupants de gîtes ruraux. Cela fait beaucoup de monde, disons une centaine de personnes, assez pour animer les rues, la route et les soirées. Tous viennent ici pour se ressourcer, se détendre et se reposer, profiter du soleil et de la mer dans une ambiance sympathique et conviviale. Dans la matinée le village se vide pour la plage, les balades en montagne ou tout simplement pour la promenade de santé.
Le soir, le barbecue grille les merguez ou la pancetta et le parfum des herbes de Provence embaume le voisinage. Quelques équipes de boulistes s'affrontent place de l'église
Vers la fin Juillet Jean-Paul et Pierre-Marie organisent une soirée très animée à laquelle participent plus de deux cents personnes. C'est le repas du village, notre 'fest-noz'.
Comme la plupart des villages de notre région, Canaghja a sa 'fontaine fraîche'. C'est une source captée à flanc de montagne et qui coule là depuis des temps immémoriaux. Un joli petit édifice, érigé il y a quelques années, la protège. L'eau s'écoule à travers un déversoir en pierre couvert de mousse, récupéré sur le site moyenâgeux du Mazzone, et placé là par notre ancêtre Augustin.
Autrefois une noria de femmes venait y puiser l'eau nécessaire aux besoins ménagers, 'secchia' sur la tête, elles se croisaient, entamaient une 'chjàchjarata' (petit bavardage) sans reposer leur fardeau, puis rentraient à la maison, droites comme des mannequins.
Notons au passage que cette tâche pénible était réservée aux seules femmes, jamais un homme, aussi obligeant fût-il, ne se serait aventuré à accomplir une telle besogne.
Lorsque l'usine de tanin de Barchetta fonctionnait à plein régime, l'alimentation en eau potable de ses ouvriers provenait de notre source.Tous les jours un chariot, tiré par une mule, 'montait' pour y remplir une dizaine de gros bidons. Signe des temps, celle destinée aux cadres de l'usine était transportée dans des tonnelets en bois pour rester fraiche plus longtemps....
Un jour, s'arrête, pour étancher sa soif et celle de sa bête, un muletier venant d'ailleurs. Il y a là un chasseur et son chien. L'animal n'a que la peau sur les os, il fait peine à voir et, à l'évidence, son maître le nourrit peu. L'inconnu s'adresse à lui et lui dit : 'o amicu, votre chien souffre la soif !!! '. En réalité, ce qu'il veut lui faire comprendre c'est que son chien souffre de faim puisque l'eau il l'a à ses pieds et en abondance !!! L'histoire ne dit pas la suite.
Notre 'funtana vecchia' a été baptisée dernièrement 'Source du Sacré-Cœur'.
Du cœur de Jésus coule le sang, de notre source l'eau la plus limpide, la plus légère et la plus fraîche, tant de nos anciens l'ont bue avant nous... souvenons-nous en et apprécions la.




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